Et puis il y a les autres, ceux qui vivent sans cette sensation d’empressement, sans cette distorsion des sens, sans ce décalage avec la réalité. Les gens normaux, sains si j’ose dire. (Car cette conscience trop développée rend malade. )
Regardez autour de vous, combiens font des projets sur dix, vingt, ou trente ans ? Se chargent de crédits ou encore préparent leurs retraites avec un tel sérieux qu’ils en oublient le présent même ? Ou à l’inverse, combiens ne vivent que « ici et maintenant », sans penser aux conséquences de leurs actes ni à leurs résultats dans un futurs plus lointains ? Beaucoup je pense pour ne pas dire presque tous. Or bien que cela semble à première vue contradictoire, une dichotomie, les uns comme les autres sont animés par la même force, bien que réagissant différemment, à la même cause.
Les premiers, tels des fourmis dans la fable ; se pensent immortels, pensent que si aujourd’hui existe, demain existera forcement, alors ils entassent, ils ramassent et font des provisions à tel point que l’idée de dépenser aujourd’hui finit par les terroriser ! Les autres, cigales, pensent être en harmonie totale et irrévocable avec le présent, à tel point que ce qui compte le présent et rien d’autres n’existe en dehors de l’immédiateté. Le plaisir immédiat, la possession immédiate, la jouissance immédiate, la réussite facile et immédiate, etc…. c’est ce qu’on aime à nommer : société de consommation. Tout maintenant et tout de suite, et peu importe ce qui en coute à soi ou encore moins aux autres. Ils ont d’une certaine façon, gardé l’inconscience de la petite enfance. Et même certains ont une appréhension de la réalité que je qualifierai d’animal ou animalisé. Car ce qui fait la différence entre l’homme et la plupart du règne animal, pour autant qu’on le sache, c’est la conscience d’être mortelle. Une conscience intimement liée à celle du « temps » et de son irréversibilité. Cette petite voix qui nous dit que nous sommes soumis, quoi qu’on fasse, où qu’on soit et qui que l’on soit, au temps qui passe, et qui jusqu’à preuve du contraire, nous amène droit vers la mort. Le deuxième principe de la thermodynamique, la notion d’entropie et le désordre croissant ou encore ce que la physique appelle l’irréversibilité de la flèche du temps, n’expriment que ceci : le temps ne revient jamais en arrière et que les conséquences de la moindre action, ne peut que se propager.
Tout ceux-là ont enfermé à double tours, dans un tiroir caché dans les limbes de leurs mémoires, le fait que l’avenir n’est qu’une probabilité, une idée, une possibilité, qu’il n’existe réellement que lorsqu’il est devenu présent, et ne réalisent pas qu’alors devenu réel, « présent », il n’est appréhendable ; accessible à la conscience et la réflexion, qu’une fois qu’il est « vécu » , c'est-à-dire passé et donc devenu « du passé » !!
En fait si le présent est la seule chose, le seul moment qui existe vraiment , il reste en vérité inaccessible à l’homme sans faire appelle au passé et avenir. C’est ce que je reproche à tous les pseudo philosophies d’inspiration bouddhistes qui prônent le bonheur dans le fait de vivre l’instant présent. Car à mon sens ; si on ne vit et on ne peut vivre que l’instant présent , on existe et on ne peut exister que dans le passé ou le futur !
Suite…………..