Vous savez, le langage est un outil merveilleux. Que serait l’homme sans le langage ? Probablement pas grand-chose, c'est-à-dire encore moins que maintenant, donc pas grand-chose.....
Car le language permet de communiquer. Mais en regardant de plus prés, on se rend compte qu’il permet également de
ne pas communiquer !!
L’exemple le plus répandu, étant ce qu’on appel si justement : Parler pour ne rien dire . Avouez que que la formule est déjà drôle.
Parler pour ne rien dire ; mais pour quoi faire alors ?
Et bien il existe plusieurs situations où cela se justifie.
En voici un: Exemple de « conversation amicale » au coin d’un bar.
Salut toi.
Salut.
Tu connais la dernière ?
Quoi, la dernière blague sur les blondes ?
Mais non, les infos. Le ministre de……….Blabla……..bla. Qu’est ce t’en pense.
Oh moi pas grand-chose. Tous les mêmes ces politics.
Oui mais là c’est trop, Blablabla…………………
Laisse tomber, écoute plutôt cette blague sur les blon…
Ah merde !
Quoi ?
J’avais complètement oublié mon rencard, faut que j’y aille. A la prochaine.
Oui, oui.
Voilà donc deux personnes qui n’ont apparemment strictement rien à se dire, et pourtant il faut absolument qu’ils se parlent !!
Car si ils n’ont rien à se dire, ils ont des choses à se dire, à soi, et coûte que coûte. Là, il n’y a pas trace de communication. Tout au plus une mise en valeur personnelle, une sorte de thérapie inconsciente permettant à travers le langage, de se sentir « exister ». On peut bien entendu, informer sans pour cela communiquer. On informe, point barre. Non communiquer tient d échange et de « partage ». C’est échanger des signes, une sorte de courant alternatif ou, interactif. (Voilà pourquoi la formule « communiquer une information » me semble souvent déplacée).
Mais soit. Si après tout ce simulacre de communication peut avoir un quelconque effet thérapeutique, pourquoi pas.
Un autre cas . Exemple:
Saluuut !
OH salut !
Comment ça va ?
Ca va, et toi ?
Ma foi, ça va, il faut bien. Et ces vacances ?
Lesquelles ?
T’étais pas en vacances ?
Ah non.
Ah ! J’avais cru, moi j’en reviens.
Biens ?
AH, Super, vraiment, j’ai hâte de repartir. Et toi ?
Quoi moi ?
Tu ne pars pas ?
Oh si bien sûr, c’est prévu pour bientôt.
Bien, et la petite famille va bien.
Ca va, ça va. Et toi ?
Tout roule. Bien…. Bon ben, faut que j’y aille, le boulot.
Eeeet oui .
A bientôt ?
Ha ? Ah oui, j’espère.
Salut.
Salut.
La nous sommes en présence de deux individus qui manifestement font semblant de s’intéresser l’un à l’autre. La motivation première à l’origine de ce genre de conversation, est peut-être le maintient des relations sociales . Peut-être, mais là encore nulle trace de communication.
On parle d’une façon que je qualifierais de rituelle . C'est-à-dire qu’on parle parce que cela se fait, ou parce que cela fait du bien (surtout à soi), quitte à dire n’importe quoi, en abordant des sujets dont on ne connaît pas grand-chose, ou pire, on se fout royalement !!
Les exemples sont légions.
De nos jours tout est sujet à conversation. Conversation et non communication.
A la question la plus posée en début d une conversation, je veux parler du bon vieux "comment ça va ?" , peu de gens oseraient répondre sincèrement. Tout au plus un "bof " ou un "coucicouça", viennent exprimer, pour les plus téméraires, le fait que ça ne va pas si bien que ça. Quant au reste….
Non, aujourd’hui rares sont ceux pour qui , le mot communication signifie encore quelque chose. Nous conversons, nous informons tout au plus, mais communiquer, non.
Parler pour ne rien dire, c’est tellement plus pratique et tellement moins risqué. Une des preuves en est la peur du silence. Dans la plupart des conversations, le silence est à redouter ! Comme si d’un moment de « silence », pourrait surgir un monstre mythique qui nous mettrait à nu, et nous ferait découvrir tel que nous sommes réellement. Le silence dérange car quand il est partagé, il DEVIENT alors communication. A l’image du rire, le silence est "contagieux", et peut nous apprendre bien des choses sur L’autre, et sur nous.
"Silence, un ange passe" ; cet ange serait plutôt un démon, celui de la sincérité.
Oh non, il vaut mieux parler, quitte à ne rien dire d’intéressant, quitte à ne pas communiquer ni réfléchir un instant, à converser, informer dans le meilleur des cas, bref à faire son numéro d’homme civilisé, le plus naturellement possible.
Alors à ceux qui proclament l’ère de la communication, je répond : Information certes, conversation, sûrement ; mais communication, certainement pas.
k.T