Ici et en moi se joue une bataille, entre deux entités. Le crédule et l’incrédule, le solitaire et le farfelu, le bon et le mauvais, le triste et le joyeux, le beau et l’hideux. Ce champ de bataille où se dessinent la vie et la mort, est la chasse gardée d’un monstre. Une aberration qui se terre dans les abîmes, là où nul ne peut aller, là où nul ne peut descendre, là où nulle lumière ne pénètre.
Il se gave de chaque échec, de chaque bataille perdue et de chaque victoire éphémère. Il se nourrit de chaque certitude douteuse et de chaque incertitude raisonnable. Chaque doute, chaque espoir, chaque illusion ou désillusion est pour lui un mets délicieux. Ce terrain boueux est son festin. Grignotant chaque morceau avec délice, les déchirant de ses crocs maléfiques, il rejette la peur et l’angoisse en guise de défection, et comme une trainée baveuse infecte ce théâtre de sa putréfaction.
Affaiblissant les deux parties de son venin mortel, il ne veut néanmoins tuer aucun des deux entités. Non…au contraire même ! Il les préserve. Agonisants mais vivants, assez faibles pour ne pas se rebeller contre lui, mais suffisamment forts pour continuer à se battre et s’épuiser chaque jour d’avantage, afin de lui procurer sa pitance, sa ‘victuaille’. Et cela jusqu’à qu’il n’y ait rien d’autre que son effroyable présence dans ce qui ne sera bientôt plus qu’un désert asséché.
Je me dois de le combattre, de le détruire, non par obligation, non par pitié, non par espoir ou croyance, mais par choix et pour le geste.
Or si je ne peux atteindre son nid, si je ne peux le dénicher ou l’extraire sans tuer du même coup les deux combattants, je peux faire une chose : Le priver de sa pâture ;
Je vais donc ainsi, choisir le seul choix qui me reste : Instaurer la paix et le laisser « crever de faim ! »
K.t